L'excision n'est pas une tradition séculaire dans le Blouf : ce n'est qu'il y a environ 80 ans que les Mandingues, une ethnie voisine, ont introduit l'islam chez les Diolas et "vendu" la circoncision comme un devoir religieux. Aujourd'hui, cette pratique est une norme sociale établie qui garantit l'acceptation sociale des filles et des femmes. Elle est considérée comme une condition préalable au mariage et à l'honneur de la famille. Elle permet également de participer au rite d'initiation du gassousse, qui accepte symboliquement les filles dans la communauté des femmes.
Les conséquences de l'excision sont graves : elles vont des dommages physiques sérieux tels que les infections, les complications à la naissance et les douleurs chroniques au stress psychologique tel que les traumatismes, l'anxiété et la dépression.
Au cours de la première phase du projet (2020-2023), l'organisation Eusobul a travaillé avec 13 des 21 villages du Blouf. L'objectif était d'impliquer l'ensemble de la communauté et d'initier le changement de l'intérieur. Même les circonciseurs initialement sceptiques ont été activement impliqués et ont fini par adhérer au projet. En octobre 2023, les exciseuses et les représentants de la communauté ont annoncé publiquement qu'elles ne pratiqueraient plus la circoncision des filles et des femmes. Ils ont décidé de remanier le rite d'initiation gassousse afin de préserver la tradition, mais de renoncer à l'excision. Grâce à l'implication étroite de toutes les parties prenantes, des décideurs locaux aux exciseuses, le changement a été largement accepté. Ce changement mené par la communauté rend très improbable un retour à la pratique.
Dans la nouvelle phase du projet, les résultats obtenus dans les 13 villages devraient être consolidés et le travail étendu aux huit villages restants du Blouf. Les mentors des villages déjà atteints soutiendront le travail dans les nouveaux villages. L'objectif est de renforcer les traditions et l'identité culturelle du Blouf, mais sans la violence à l'égard des filles et des femmes. Cette stratégie favorise la cohésion sociale au sein de la région et initie une dynamique basée sur des valeurs partagées. Elle soutient un changement durable pour mettre fin à l'excision tout en préservant les valeurs positives de la culture diola.
Le groupe cible direct du projet comprend un total d'environ 6 500 personnes dans les huit "nouveaux" villages du Blouf. Il s'agit de jeunes dans les clubs de jeunes (120), d'enfants et de jeunes âgés de 12 à 17 ans (2 640) et de 400 bébés qui sont "protégés" par des parrains et marraines. En outre, environ 3 000 parents participent aux activités du projet. Les Badjen Gox (80) et les Tontons Gox (80), qui jouent un rôle clé dans le processus de changement en tant que membres respectés de la communauté, constituent également une partie importante du groupe cible, tout comme les chefs religieux (40). Les circonciseurs et les gardiens de la tradition (64), qui participent activement à la transformation du rite d'initiation, occupent également une place centrale.